Deux-Sèvres |
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Laiterie coopérative d'Uzelet à ARDIN (79Y)
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Historique : 1896 - 1978 |
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1896 : M. Alphonse Lavois (né en 1857), alors président de la Panification d'Ardin, est un homme de caractère avec une forte personnalité et à la réputation de grand administrateur. Peu après son arrivée à Dilay, dans les Deux-Sèvres, il fut conseiller municipal pendant plus d’un quart de siècle, puis maire de la commune pendant quinze ans. Une rue porte également son nom à Ardin.
En
cette année, il se voit solliciter par des
agriculteurs de la laiterie de Béceleuf et de la région pour créer une
entreprise laitière à Ardin. |
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Vue générale |
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Alphonse Lavois |
La construction se divise en un hangar où se trouve les bassins pour recevoir le petit lait et un bac mesureur. Une salle abrite la chaudière, la machine et les engrenages de la roue hydraulique. Au dessus de cette pièce un magasin sert de réserve. Puis vient la salle d'écrémage, celle du barattage et ensuite l'emplacement du malaxeur. Le tout repose sur une cave où se garde le beurre.
1896
: M. Alphonse Lavois, alors président de la Panification d'Ardin, à la
réputation de grand administrateur, se voit solliciter par des
agriculteurs de la laiterie de Béceleuf et de la région pour créer une
entreprise laitière. 1899 : Le lait provient de la commune d'Ardin et des communes environnantes. La production de beurre augmente de mois en mois, les débuts sont prometeurs, et survient l'incendie... |
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article du 7 janvier 1899 publié dans l'Echo Rochelais : | |||||||||
"Incendie d'une beurrerie. — Un terrible incendie dont les causes sont
inconnues s'est déclaré le 1er janvier, vers six heures du soir, à la
beurrerie d'Ardin, établie sur l’Autise. Le comptable, M. Duret, et le
beurrier, M. Giraudin, qui habitent dans l'établissement, s'étaient
absentés pour quelques instants, vers cinq heures du soir, pour aller
présenter à leurs familles leurs souhaits du nouvel an. Trois quarts
d'heure environ après leur départ, des flammes qui s'élevaient de
l'habitation du comptable furent aperçues et l'alarme fut donnée. Quand
les premières personnes arrivèrent sur les lieux du sinistre, les deux
appartements occupés par M Duret ne formaient plus qu'un brasier et le feu
gagnait déjà la salle de réunion et les locaux habités par M. Giraudin.
L'incendie, activé par un vent des plus violents, ne tarda pas à envahir
les greniers et le rez-de-chaussée. |
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article du 11 janvier 1899 publié dans l'Echo Rochelais : | |||||||||
"Nous
donnons aujourd’hui des détails complémentaires sur l’incendie de la
laiterie coopérative d’Ardin, que nous avons relaté dans notre dernier
numéro. Le matériel, à peu de chose près, ainsi que l’immeuble principal,
ont été complètement détruits. Par contre, toute la comptabilité
d’exploitation a, fort heureusement, été sauvée, ce qui permettra
notamment d’effectuer la paye du lait dimanche prochain, 15 janvier, comme
par le passé. Quant à la grande production quotidienne de lait chez les sociétaires que l’usine est dans l’impossibilité de recevoir, l’administration de la laiterie a immédiatement pris des mesures pour en assurer l’écoulement. Cette production n’est d’ailleurs pas très abondante en cette saison (environ 5.000 litres par jour). Un grand nombre de sociétaires se sont mis à fabriquer le beurre chez eux et le vendent sur les marchés voisins. Pendant ce temps, l’administration de la laiterie, prend des mesures pour la prompte réédification de l’usine. Si la saison n’amène aucune suspension du travail, et si l’importante Compagnie qui a assuré l’immeuble incendié s’exécute loyalement, ce dont il n’y a pas lieu de douter, on espère que dans deux mois on pourra se remettre en marche." |
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Suite à cette catastrophe, Alphonse Lavois, un homme déterminé, va faire reconstruire les bâtiments en un mois seulement, et repartir la production de beurre. | |||||||||
La salle des barattes au début du XXème siècle |
La
construction se divise en un hangar où se trouve les bassins pour recevoir
le petit lait et un bac mesureur. Une salle abrite la chaudière, la
machine et les engrenages de la roue hydraulique. Au dessus de cette pièce
un magasin sert de réserve. Puis vient la salle d'écrémage, celle du
barattage et ensuite l'emplacement du malaxeur. Le tout repose sur une
cave où se garde le beurre. La laiterie s'équipe d'une chaudière de 18ch, d'une machine fixe à détente variable, avec régulateur de la force de 12ch, de 6 écrémeuses anglaises (Lister, Wallut et cie) débitant chacune 8 à 900 litres de lait à l'heure, de 2 barattes culbutantes (Lister) de 600 hectolitres et de 3 malaxeurs (Lister et Chapelier). L'éclairage fonctionne à l'acéthylène. La source d'eau débite 3.000 litres à l'heure. Le personnel se compose de 5 personnes. Le comptable M. Henri Duret gère la marche de l'usine. Le chauffeur mécanicien entretient le générateur de chaleur dès 4h du matin. Le contrôleur-aide-beurrier vérifie l'arrivage et la qualité du lait. L'écrémeur embauche plus tôt. Dès 6h l'été et 8h l'hiver, il passe le lait dans ses machines et recueille la crème dans des récipients, puis l'apporte dans la chambre d'écrémage où elle restera 24h à fermenter et obtenir sa maturité idéale. Le beurrier s'active dès 6h l'été et 7h l'hiver. ll récupère la crème de la veille et la travaille dans les barattes. Puis il passe le beurre au malaxeur pour séparer le restant de petit lait du produit fini. Il n'a plus qu'à emballer les mottes de 10kg dans des paniers en osier ou en lamelles de sapin. Les mottes sont d'abord enveloppées dans du calicot (toile de coton) avant d'être déposées dans des "bassets" (paniers). Le beurrier termine vers 11h. Ensuite ce sera l'expédition à la gare vers Paris. |
La centrale |
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Les barattes dans les années 1950 |
L'empaquetage automatique |
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Quelque temps après sa création, la laiterie transforme son appellation et prend le nom de "Laiterie coopérative d'Uzelet". 1899 : La collecte des 15 ramasseurs, sur leurs charrettes montées sur ressorts, se monte à 2.845.000 litres. Les employés les transforment en 21 tonnes de beurre. 1902 : Les fermiers de la plaine coulongeoise viennent adhérer de plus en plus. Au 2 mars, la coopérative totalise 877 sociétaires. Leurs vaches, des Parthenaises, se nourrissent de foin, de betteraves, de trèfle et de carottes. 1907 : Après avoir constaté un relachement dans la sélection des laitières, par certains sociétaires, le président M. Lavois et le conseil d'administration met en vigueur une décision, par laquelle doivent être exclues dans un délai de 6 mois toutes les vaches autres que la Parthenaise ou de provenance étrangère. Quand il y aura doute, la vache ne pourra être conservée que si son lait accuse un minimum de 35g de matière grasse au litre. Les laitiers, parmi lesquels MM. Barbotin, Girard, Chartier, Georges Chauvin, Gabriel Baudry, Auguste Gibaud, veillent au respect de cette résolution, ainsi que le contrôleur qui fera des visites surprises. |
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1908 : Elle collecte 4,5 millions de litres de lait. 1913
: Elle collecte 5.8 millions de litres 1919.
La laiterie ramasse 3.047.632 litres. De nouveaux adhérents renforcent la
coopérative. Celle-ci totalise actuellement 1275 exploitants qui possèdent
3190 laitières. Le beurrier M. Alfred Ecotière a "du pain sur la planche". 1931. M. Pierre Bonnet devient directeur. Uzelet se porte bien. Les 7.858.262 litres reçus pour l'année en sont la preuve, ainsi que les 382 tonnes de beurre produits. |
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1931 - La salle des moteurs |
1931 - La salle de séchage |
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1932
: La laiterie collecte le chiffre impressionnant de 9.000.000 de litres
avec lesquels elle fabrique 500 000 kg de beurre dont la vente produit
8 000 000 de francs. Ces chiffres placent alors la société coopérative
d’Uzelet au premier rang des laiteries des Deux-Sèvres. M. Alphonse Lavois, le "Patriarche", abandonne ses fonctions après un règne de 36 ans. Fondateur de la laiterie Uzelet, il est né en 1857. C’était un homme de caractère avec une forte personnalité. Peu après son arrivée à Dilay, dans les Deux-Sèvres, il fut conseiller municipal pendant plus d’un quart de siècle, puis maire de la commune pendant quinze ans. Une rue porte également son nom à Ardin.Ce grand président, regretté de tous, eut toujours pour but le bien-être des agriculteurs. A Ardin ou à Surgères où il siégeait au sein du Conseil d'Administration de l'Association Centrale des Laiteries Coopératives du Poitou-Charentes, il est un homme de bons conseils et ses idées ont grandement contribué à la renommée des beurres de notre région. M. Jacques Sauvé est mandaté pour le remplacer à la tête du conseil de la laiterie. |
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1934 |
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En
1939, Jacques Sauve et le conseil d'administration, prennent de sévères
sanctions, envers deux fraudeurs. Ces sociétaires, convaincus de délit
grave en trafiquant leur lait, se retrouvent exclus et condamnés à de
fortes amendes. Le 30 Janvier, un petit fait divers se déroule aux abords
de la commune heureusement sans grave conséquences.
Un
camion de la laiterie, privé de ses freins, tombe dans un ravin. Alfred
Tréfois, conducteur du camion, s'en allait faire sa tournée, accompagné du
jeune Henri Grayon. En voulant changer de vitesse, dans la côte d'Ardin,
son moteur s'arrêta de fonctionner et les freins furent impuissants. Le
véhicule reculait. Le jeune Grayon, ouvrit la portière et sauta. Malgré
les efforts du chauffeur, le poids lourd roula sur le talus et se renversa
dans un jardin. Grâce au fossé, le pilote ne fut pas écrasé dans sa
cabine. Le camion subit de gros dégâts. M. Tréfois n'avait jamais eu
d’accidents depuis 1919, année où il commença à travailler à la laiterie.
Pendant la guerre, on retrouve toujours les deux dirigeants, aux commandes d'Uzelet. |
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L'An 1950 témoigne de l'accession de M. Breillad à la présidence de la coopérative.
En
mars, le directeur est licencié. Le conseil reproche à Pierre Bonnet, à ce
poste depuis presque 25 ans, une faute jugée "grave". 11 aurait donné à
titre gracieux, 14 kilos de beurre à diverses personnes (dont 3kg aux
petites soeurs des pauvres). Ces gens ont
rendu divers services à la laiterie. Le Syndicat des Directeurs de
Laiteries prend position pour leur collègue. Il est décidé à obtenir
réparation du préjudice, causé par ce renvoi, qu'il considère comme
abusif. Un directeur provisoire est nommé. Il s'agit de M. Louis Sabourin,
ancien élève de l’école de Surgères. M. Bonnet ne reviendra plus à
la tête de l'établissement.
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Publicité de 1951 |
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Le rayon d'action de la laiterie
s'étend sur 13 communes et traite plus de 7.500.000 litres de lait, qui
sont travaillés par 3 Écrémeuses «Alfa-Laval », débit horaire 13.000
litres ; 3 Barattes cuves de maturation, machines frigorifiques et
chambres froides, mouleuse, empaqueteuse, etc.
La qualité de son beurre, par son arôme, sa finesse et sa longue conservation s’est imposée rapidement et la marque d'Uzelet connue et appréciée partout était très recherchée. D'ailleurs, les plus grand hôtels de Paris et de la Côte d'Azur l'employaient depuis les années 1920. Ses débouchés en font une renommée nationale, Paris, Lille, Bordeaux, Lyon, Nice, Marseille, Algérie et Maroc. 1952 : La laiterie collecte 8,1 millions de litres. |
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1956
: La quantité de lait ramassée augmente toujours. 8,5 millIons de litres
s'entreposent dans les cuves et sont travaillés tous les ans. Mais en modifiant son chemin, la laiterie tombe dans le piège de la rentabilité. Le traitement de 40 000 litres de lait par jour va nécessiter une intallation ultra-moderne et chère, permettant d’accomplir le travail dans de très bonnes conditions et dans le moins de temps possible. Chaque jour, 28 laitiers et quatre camions automobiles apportent le lait à l’usine. |
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1961 : L'année débute sous des trombes d'eau, L'Autize déborde de son lit et inonde tout le pays. Le 4 janvier, à 2h du matin, la crue s'installe et envahit les ateliers à une vitesse impressionnante. On ne peut sauver tous les moteurs des machines. 10 seulement, démontés rapidement, échappent à la destruction. Une vingtaine d'autres sont sous l'eau et gravement endommagés. Deux écrémeuses sont hors d'état et plusieurs fûts d'huile et de gasoil, que le courant emporte, menacent de provoquer une pollution grave. Le désastre s'évalue à plusieurs millions de francs, d'après l'estimation de M. Sabourin. Le président M. Philippe De Chabot constate l'ampleur des dégâts. Il faut attendre la décrue pour réparer et permettre la reprise des activités. 1962 : ces douze mois apparaissent comme un tournant pour la coopérative. Depuis une décennie, la concurrence, les progrès de la technologie, les nouvelles données économiques du marché, contribuent les laiteries à se rapprocher entre elles, pour faire face. L'avenir des établissements laitiers en dépend. Pour une meilleure production industrielle, les ententes ou les fusions semblent indispensables. C'est pourquoi Uzelet adhère à "l'Union Laitière des Deux-Sèvres", dont le président est M. De La Rochebrochard. |
1962 |
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1963 : Le 30 septembre, M. Louis Sabourin part en retraite. M. René Papet lui succède. Ce dernier fit l'Ecole Saisonnière d'Enseignement Laitier de Surgères (22e promotion d'Octobre 1954). A sa sortie, il entre à la laiterie coopérative de Matha, en Charente-Maritime où il y reste jusqu'en 1956. Depuis 1957, M. Papet est à la laiterie d'Uzelet. | |||||||||
buvard publicitaire |
1970 : En janvier, la laiterie inaugure un batiment neuf. L'immeuble moderne abrite les bureaux, les laboratoires et une grande salle pour les réunion du conseil d'administration. De plus, on a construit une chambre froide. La laiterie emploie 19 salariés et 12 entrepreneurs qui assurent le ramassage du lait. En juin, elle se joint aux laiteries de Mazières-en-Gâtine, St-Christophe-sur-Roc, St-Ouenne et Ménigoute. L'union de ces cinq coopératives forme le groupe C. O. L. A. G. A. C. O. (Coopérative Laitière de la Gâtine et du Centre-Ouest). Cette fusion, porteuse d'espoir, n'aboutit en fait qu'à la disparition, une par une, des laiteries concernées. Cette année là, St-Christophe, Ste-Ouenne et Ménigoute disparaissent. Quand viendra le tour d'Uzelet ? 1972 : Ies premiers signes apparaissent lorsque Mazières, qui est le siège social et l'usine principale, se sépare du directeur M. René Papet. Celui-ci part pour la laiterie de la Viette. La fin est proche. |
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1978 : "CO.LA.GA.CO." devient "Gâtine". L'aventure se termine pour la laiterie d'Uzelet. Elle cesse toute activité. Un peu de la vie d'Ardin disparaît avec elle. Les bâtiments sont rachetés par la commune et revendus à un particulier qui y fabrique de l'aliment pour bétail et loue une partie des bâtiments à une pâtisserie industrielle. Concernant les deux cheminées, l'une a été démolie, l'autre arasée. |
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Les vestiges de la laiterie. |
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