Deux-Sèvres 

                   
       

 

Laiterie coopérative

 d'Échiré

(79C)

 

       
                   
                   

 

Historique : depuis 1891
                   
                   
  1891 : M. du Dresnay, propriétaire terrien et connaisseur de bon beurre, installe une beurrerie dans un vieux moulin sur la Sèvre, sous les arbres et où l'eau abonde.
Les fréres Louis et François Valentin l'administrent. Mais le rapide essor attendu n’arrive pas. Le scepticisme des gros agriculteurs plus cultivateurs que producteurs laitiers, et la grande sécheresse de 1893, vouent la laiterie à l'échec.
Ne baissant pas les bras, les gérants en accord avec M. du Dresnay, viennent trouver Delphin Sagot. Ce dernier propose la transformation de l'entreprise en société coopérative. Seul ce moyen sauvera ce qui reste des fonds engagés.
 
                   
  1894 : Le 10 mars une affiche signée Valentin, invite les fermiers des communes d'Echiré, St-Gelais, Chauray, Rouvres, Germond, St-Christophe et Cherveux, à une réunion le dimanche 18 courant, pour la formation d'un comité provisoire, en vue de créer la coopérative. A cette réunion, 18 membres élus se chargent de traiter avec le propriétaire pour l'acquisition du matériel.
Le 15 avril, la première assemblée générale des adhérents, a lieu. Elle adopte Les conclusions du rapport du comité et se donne rendez-vous pour le 31 mai.
Ce jour arrivé, 292 sociétaires composent l'assemblée, puis élisent, le conseil d'administration.
La Laiterie Coopérative d'Echiré est fondée. Delphin Sagot devient le président à l'unanimité du conseil.

Le 11 juin, la machine à vapeur, montée par M. Duvet, constructeur à Niort, lance sa première fumée dans le ciel échiréen.
Les frères Valentin, excellents ouvriers, restent, l'un comme gérant-comptable, l'autre comme beurrier.
Un concours par élimination désigne comme chauffeur Paul Carré, domestique de ferme.

1896 : Le 12 juillet, le président Sagot, propose la nomination d'un contrôleur qui fait défaut à la laiterie. Huit candidats se présentent. Après un stage de quelques jours, le titulaire démissionne.

Le 13 décembre, l'heureux élu est Louis Soyer.
 
                   
  1900 : Les 14 laitiers réceptionnent le lait chez 514 agriculteurs. Le troupeau des 1680 vaches, donne 2.190.000 litres, qui transformés deviennent 108.000 kilos de beurre délicieux.
La première récompense vient d'Italie. Le jury du Concours International des Beurres de Milan, décerne une médaille d'or.
L'excellent travail de Louis Soyer, trouve sa juste récompense. On lui offre le poste de directeur. Il dirige avec zèle et compétence.
M. Charles Gazeau arrive comme contrôleur.

A une date indéterminée, le constructeur "Dyle et Bacalan" installe un système réfrigérant (Hall.) fonctionnant au CO2.

1904 : Charles Gazeau quitte Echiré pour prendre la direction de la Société de Bec-en-Mortagne, en Normandie. Le nouveau contrôleur est M. Rodolphe Thébauet.
 
                   
   

M. Sagot Delphin
 
               
    D'éducation libérale, il prit part de bonne heure aux luttes politiques, combattit l'Empire, fut un des treize électeurs de sa commune qui votèrent « non » au plébiscite du 8 mai 1870. En toutes circonstances, il défendit la République avec les Charles de Breloux, Tribert, Ricard, Mercier, Antonin Proust, Philippe et Emile Garran, Goguet, Jouffrault, Baugier, Ricochon...
Élu conseiller municipal, en 1874, il fonda dans sa commune, en 1878, la Bibliothèque populaire d'Echiré ; en 1892, la Société de secours mutuels des travailleurs d'Echiré ; en 1894, la Société coopérative de laiterie d'Echiré. Il préside ces trois sociétés depuis leur fondation.
En 1900 il fut nommé vice-président de l'Association des laiteries coopératives des Charentes et du Poitou.
En 1894 il remplaça au Conseil d'arrondissement du 1er canton de Niort M. Disleau nommé député.
En 1896, maire d'Echiré ; en octobre, même année, la mort du conseiller général Baugier le fit nommer à l'Assemblée départementale. Réélu en 1898 et en 1904, il est vice-président de cette assemblée depuis la session d'août 1904. Officier d'Académie depuis 1881. Officier du Mérite agricole.

 
 
     
  En 1905, on organise le premier concours beurrier. Déjà grâce à des statuts draconiens, la laiterie ne tolère que la race Parthenaise.
Pour encourager les producteurs, la coopérative, lors d'un autre concours, offre 900 francs aux propriétaires des meilleures laitières. Par ces mesures strictes, elle va se situer toujours au plus haut rang, pour la finesse de son beurre.
Elle reçoit ensuite un Grand Prix d'Honneur à Liège, en Belgique. Le président Sagot, félicite chaleureusement le personnel de l'usine, composé en plus de M. Soyer et M. Thébauet, toujours à leur poste, de François Sénechault, le chauffeur, de M. Julien Vincent, le beurrier et M. Alexandre Perrochon, l'aide-beurrier.

En avril, l'atelier d'étamage de M. Timores, dans le bourg d'Echiré, fonctionne depuis quelques jours. L'étameur va réparer et fabriquer les bidons en tôle (fer-blanc). Cette laiterie remporte le Grand prix, en mai 1905 à l'exposition de Liège (Belgique).
 
     
  1907 : Une triste nouvelle arrive le samedi 9 février, Delphin Sagot, le dévoué président, décède à l'âge de 64 ans. C'est une perte énorme pour la laiterie, mais aussi pour l'Association Centrale des Laiteries Coopératives, dont il était l'un des animateurs. M. Pierre Dornic, le directeur de l'Ecole d'Industrie Laitière de Surgères, très peiné, lui rend hommage en ces termes élogieux :
"Delphin Sagot apporta dans son œuvre, l'absolu désintéressement, qui lui était habituel, et une confiance inébranlable dans les succès toujours croissants de nos laiteries, auxquelles est si intimement lié, le bien être de nos cultivateurs. Il fut l'apôtre du progrès au sein de l'Association, et conquit vite la sympathie et la confiance de tous ses collègues pour les nombreux projets dont il était l'auteur."
 
                   
 

Le nouveau président devient M. François Boinot.

1909 : M. Célestin Cail, qui préside le conseil d'administration, et le directeur M. Louis Soyer, constatent avec bonheur une hausse d'un million de litres de lait ramassés.
Echiré se singularise une nouvelle fois, en créant au mois de septembre, une coopérative des œufs. Elle affecte un local pour l'entrepôt et la vente des œufs.

1910 : Devant une foule de personnalités, la laiterie inaugure, le dimanche 29 mai 1910, ses nouveaux bâtiments entièrement neufs. Les murs de la salle de fabrication, tapissés de carreaux blancs en céramique et le sol de mosaïque, éblouissent par leur beauté, les invités. Le lendemain, on surnommera Echiré "Le Palais de la Beurrerie".
 
                   
     
                   
  Le sénateur et Président de L'Association des Laiteries, Paul Rouvier, dévoile la statue de Delphin Sagot (oeuvre de J. M. Poisson) en présence de la famille du regretté président-fondateur.

Pour la saison 1912/1913, les laitiers ont ramenés dans leurs charrettes, plus de trois millions de litres de ''nectar''. Les 1.636 quintaux de beurre iront tartiner le bon pain de campagne des français. Les 759 sociétaires possèdent 1895 vaches.

1914 : Décidement, Echiré ne fait pas comme les autres, Elle compte une femme à sa direction. Il s'agit d'Henriette Soyer, fille de l'ancien président. C'est la première femme qui accède à un tel poste dans une laiterie du Poitou-Charentes.

Après une pénible maladie, Henriette Soyer décède. Le nouveau patron s'appelle Abel Braud. Ce personnage, autoritaire, petit par la taille, possède une grande conscience professionnelle. Il continue, la politique des prédécesseurs, en imposant toujours la méme rigueur pour la fabrication du beurre. De ce fait, le personnel, a conscience de participer au patrimoine et à la renommée de la petite commune. La famille d'Abel Braud est originaire de
Surgères.
 
                   

1931


1934
                   
  1939/45 : La seconde guerre mondiale et les contraintes dues à l'occupation allemande, n'entame en rien les ardeurs de la laiterie. Cette tragédie terminée, elle retrouve son niveau d'avant.  
                   
       
     
                   
   
           
  1952 : La collecte remonte à 3,5 millions de litres.

1960 : Le 31 janvier, M. Renaud, le président et les sociétaires, approuvent le projet d'union avec Saivre-Castarie et Ménigoute, et forment "l'Union Centre-Deux-Sèvres".

On voit toujours M. Braud, aux commandes de l'entreprise. Cela fait bientôt trente ans, qu'il veille au prestige sans cesse croissant, du beurre d'Echiré. Ce beurre que les gourmets n'hésitentpas à tenir, pour le meilleur du monde.

L’infatigable directeur achète la première machine à faire les plaquettes de beurre.

1965 : Échiré entre à l'ULDS.
 
                   
  1967 : M. Abel Braud, transmet la direction après un règne de 31 ans, à M. Georges Ducouret. Il laisse le souvenir d'un grand homme, qui a marqué de son empreinte, l'histoire fabuleuse de la laiterie.
Le nouveau directeur, rationalise le stockage du lait. Fini les bidons, les citernes arrivent. Le ramassage et l'écrémage quotidiens continuent.

1970 : Le beurrier, M. Gérard Aymé, après des études à l’École Laitière de Surgères, prend son poste, et paraît impressionné par les barattes en teck.

Entre 1970 et 1973, les laiteries coopératives de Beauvoir-sur-Niort et Frontenay-Rohan-Rohan adhèrent à la laiterie d’Echiré.

1978 : Échiré adhère à la CO.LA.GA.CO ainsi que La Chapelle-Thireuil, La Viette, Soignon, Pamplie, UCAL, Prahecq.

1986. La coopérative signe l'accord, prévoyant des échanges de lait, avec la laiterie Sèvre & Belle. De plus, le protocole constitue des actions commerciales et des investissements en communs.

La réputation du beurre d'Echiré se mondialise. Les tables lesplus prestigieuses l'apprécient. La Reine Elisabeth II d'Angleterre, le Prince Rainier de Monaco, l'Empereur Hiro-Hito, du Japon, le Président François Miterrand, tous sont friands du célèbre produit. De grands chefs, ne jurent que par lui. Quelle fierté pour les 28 employés de l'usine !

Jean-Pierre Coffe, dans son livre ''Le bon vivre", loue "l'or jaune" de la laiterie : "Echiré est au beurre, ce que Pétrus est au vin : Admirable".

1989 : Le 30 décembre, Échiré ne renouvelle pas son contrat  avec l'ULDS.

1990 : Le directeur, M. Jean-Claude Chartier, maintient avec brio, la qualité du produit au plus haut niveau.

Gérard Aymé, devenu maître-beurrier apporte toujours son savoir-faire. Lui et ses collègues, confectionnent toujours manuellement les mottes de beurre, en véritables artistes.

Le président Jean-Michel Renaud, toujours à la barre du conseil d'administration, contemple fièrement la fin des travaux de rénovation. La nouvelle salle d'expédition et de froid, ressemblent à celles du début du siècle.
 
                   
  Le lait des 133 exploitants, d'une qualité rigoureuse, permet une production annuelle de 700 tonnes de beurre et 200 tonnes de crème fraîche. Les deux barattes en bois, sont encore utilisées. Rien n'arrête l’extension et le développement du ''lingot doré''.

Les Sofitel de France et d'Europe, proposent à leurs hôtes, la dernière trouvaille de la laiterie, des petits beurriers de porcelaine de 30 et 50g, que les clients s'arrachent.

Le beurre d'Echiré est présent partout dans le monde. La filière Asiatique, comme le Japon et Hong-Kong, reçoit le produit toutes les trois semaines, par avion.

1993 : La laiterie a produit 900 tonnes de beurre.

1994 : La "vieille Dame" se porte bien. La coopérative fête son centenaire. La collecte qui avait tendance à baisser depuis trois ans, reprend sa courbe ascendante malgré le climat de crise. Bien que la conjoncture soit morose, Echiré garde espoir en des jours meilleurs.

2004 : Cette année voit la formalisation d’ententes de longue date entre les laiteries d’Échiré et de Sèvre et Belle, pour former l’ULS. Le groupe rachète Fontenille, laiterie privée impulsé par des éleveurs caprins, refusant la dynamique exacerbée de concentration des entreprises laitières. Leur volonté n’aura pas été suffisante.

2023 : Les barattes d'Échiré tournent pendant deux heures par fournée pour séparer les grains de beurre du babeurre (le petit-lait) et produire 900 kilogrammes de cet or jaune à partir de 2.000 litres de crème. Au total, près de 7,5 tonnes de beurre sont produites par jour avec 16.000 à 18.000 litres de lait.

Réception du beurre à la sortie d'une baratte - DRAC 2001 -
 
                   
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Le beurre d'Échiré, une marque de qualité.


Pour sortir le beurre, les deux ouvriers doivent synchroniser leurs gestes : l’un avec les bacs, l’autre aux commandes du roulement de la baratte

Le beurre d'Échiré au salon de l'agriculture 2024.
                   
  Née en 1891, la beurrerie des bords de Sèvre est devenue une institution reconnue mondialement, et n’en finit pas de se développer.
 
       
 

Si vous désirez d'autres renseignements sur la laiterie d'Échiré, je vous conseille fortement ce lien :
La recherche perpétuelle de l’excellence au travail : L’exemple des fondateurs de la coopérative laitière d’Échiré (1894-1914).

par Éric Kocher-Marboeuf (2002).

ainsi que le site de la laiterie d'Échiré :
https://www.echirelebeurredefrance.fr/
 
     
                   
              Rédaction et mise en page ED - © letyrosemiophile.com
                   

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