Deux-Sèvres 

                   
       

 

Laiterie fromagerie

coopérative de

MASSAIS

(79V)

 

       
                   

 

Historique : 1905 - 2013

 
 

1905 : Un riche propriétaire, M. Chevalet, fonde une petite exploitation laitière à une centaine de mètres du bourg de Massais. Les bâtiments sont fabriqués en moellons de granit enduits, à charpentes en bois et toits en tuile mécanique.

1906 : Le 28 Juin, en parfait accord avec le fondateur de la laiterie, l'entreprise devient une coopérative. Près de 700 sociétaires élisent à la tête de la société M. René Lignée, agriculteur à Massais. Le Maire de Bouillé-St-Paul M. Jean-Alcide Gauthier, devient le vice-président.
Afin de remercier M. Chevalet d'avoir cédé la laiterie, le conseil d'administration le nomme président d'honneur de la laiterie coopérative.

 
                   
 

1907 : Le Dimanche 10 Février, l'Assemblée Générale revêt un caractère particulier. Deux prestigieux invités font l'honneur d'assister à la réunion. A leur arrivée, M. Dornic, le directeur de la toute jeune Ecole Professionnelle de Surgères et M. Primault, le président de la laiterie coopérative de St-Varent, reçoivent l'ovation des 400 membres présents. Les allocutions des deux hommes sont écoutées avec attention et les nombreuses questions posées par les sociétaires trouvent réponse à la satisfaction de ces derniers. Vers 13h un grand banquet réunit 230 convives. A la fin du repas, après les discours d'usage, une troupe de chanteurs est venue animer la fin de soirée.

1908 : Le président M. Lignée et le vice-président M. Gauthier sont nommés au grade de Chevalier du Mérite Agricole.

Toute l'installation complète de la laiterie avait coûté la somme de 122.000 francs. Prêté par parts de 100 francs par les sociétaires, ce capital est déjà remboursé au bout de 32 mois au moyen de la retenue de un centime par litre de lait payé aux adhérents.

1910 : La laiterie compte actuellement 967 sociétaires. Les 1.900 vaches que ceux-ci possèdent sont malheureusement issues de races mélangées. Les 19 laitiers, gagnant chacun 5 francs chacun par jour plus une prime d'un centime au dessus de 500 litres apportés, ont collecté la quantité annuelle de 4.113.557 litres. Le personnel intérieur, comprenant un comptable deux contrôleurs, deux beurriers, et un chauffeur, a produit avec cette collecte 186 tonnes de beurre. Tous ces ouvriers touchent un salaire mensuel de 100 francs chacun.

   
                   
 

L'un des inconvénients que l'on peut reprocher à la laiterie concerne l'arrivée tardive du lait à l'entreprise. Ce n'est qu'à partir de 10h30 que l'on commence l'écrémage. On comprend que dans ces conditions, lorsque le lait, cahoté dans des charrettes sans ressorts et sur des parcours de 12km voire 15km, n'arrive pas à la laiterie dans une fraîcheur exceptionnelle surtout en été. Parfois même quand le temps devient orageux, le lait caille dans les bidons ce qui est autant de perdu pour l'entreprise.

Le président Lignée est bien conscient du problème mais n'a pas de solution pour y remédier. 

D'après les nouveaux propriétaires de la laiterie, François-Victor Brunet et Rachel Thibault, férus de patrimoine, il semble que la laiterie ait été construite à flanc de coteau sur différents niveaux, de manière à profiter de la pente pour que le lait réceptionné tombe directement dans les cuves de la beurrerie, située plus bas.

1913 : En ce mois de février, la laiterie remporte la médaille d'or au concours général agricole de Paris ; et M. Lignée, représentant la laiterie, la médaille de bronze, en 1914, au même concours de Paris.

"La mort frappe à l’aube". Le mardi 13 mai, vers 5h du matin le jeune Brémaud, ramasseur de lait âgé de 18 ans, a été tué par la foudre au lieu-dit Bois de la Herse". Des passants ont trouvé le malheureux laitier étendu sans vie sur la route. Le cheval, foudroyé lui aussi, gisait entre les brancards de la charrette. La foudre est la hantise des voituriers.

1915 : M. Valentin Banchereau et Louis Geindreau entrent à la laiterie, le premier comme comptable et le second comme laitier.

1916 : C'est au tour de M. Louis Bourry d'effectuer ses premiers jours de travail comme beurrier.

 
                   
 

 


la laiterie en 2016
 
       
 

1920 : M. Adrien Banchereau remplace l'ancien chauffeur.

1929 : Le 24 Mars, au concours de la Meilleure Vache, les deux laitières de la race Parthenaïse qui participaient ont été battues. En effet le premier prix du classement général beurrier-laitier est revenu à "Cathérina", vache flamande appartenant à M. Janssen du Syndicat de Bambecque (Nord). "Cathérina" a produit, en 300 jours 8.160 Litres de lait. Le deuxième prix a été attribué à "Maillée", vache Normande dont le propriétaire est M. Patin du Syndicat de la Somme.

Quant au grand prix du classement général beurrier, où notre race se distinguait les années précédentes cette fois-ci, une vache Normande "Réveuse" appartenant à M. F. Vautier, remporte le concours avec une production de 407 kilos de beurre en 300 jours. Nos éleveurs des Deux-Sèvres reviendront l'année prochaine pour tenter de reconquérir le titre. Il est vrai que tous les ans le Poitou-Charentes et la Normandie se livrent une lutte ardente pour la suprématie. . .

 
                   
 

1934 : Pour la famille Banchereau, travailler à la laiterie, devient un sacerdoce. C'est au tour de Valentine Banchereau d'être engagée à la comptabilité.

 
                   
 


L’intérieur de la beurrerie de Massais, à sa grande époque.


 
                   

1937 : Enfin une médaille d'Or, obtenue à Paris, vient couronner la qualité du beurre de Massais.

1939/45 : Pendant la guerre, la laiterie dirigée par Mme Valentine Banchereau, tourne au ralenti. Son président M. Girard, ancien gendarme habite le Château de Bouillé-St-Paul.

1950 : Le 2 Janvier, une triste nouvelle vient couper court aux traditionnels vœux de bonheur et de santé. On apprend le décès de la directrice. Mme Banchereau, qui était tombée malade, avait l'espoir de reprendre son travail bientôt.
Le destin en a décidé autrement. Elle vient de s'éteindre à l'âge de 64 ans. Sa gentillesse et sa compétence avait conquis tout l'ensemble du personnel. M. Girard, le président rendra un vibrant hommage à cette femme qui fut la dernière à diriger une laiterie coopérative en Deux-Sèvres. Son mari, M. Adrien Banchereau lui succède à la direction de l'établissement.

1951 : Un nouveau quai de réception du lait est construit (date mentionnée).

1956 : La laiterie collecte cette année 5.147.000 litres de lait. Le beurre de Massais devient au fil des ans l'un des plus réputé du département.

1957 : Après le départ en retraite de M. Banchereau, son successeur est M. Pierre Thébault, ancien élève de l'Ecole Professionnelle de Surgères (68° promotion - 1940)


Le réputé beurre de Massais

 

                   
 

1960 : Selon l’inventaire du patrimoine du Poitou-Charentes et de la communauté de communes du Thouarsais, 30 à 35 personnes travaillent dans la laiterie. Depuis un an, la laiterie applique, à ses sociétaires, le système du paiement du lait à la matière grasse. Il lui faut changer la méthode de ramassage du lait. Les laitiers, M. Blais, Bertrand, Point, Bernard, Séguin, Emile.

Libault Marcel Ferré, Raymond Rullier et son fils ainsi que Mme Moreau collectent désormais le précieux liquide dans des bidons individuels d'une contenance de 20 litres.

1963 : M. Gaury, le président de la coopérative, entreprend la création d'un atelier de fromagerie à coté de la beurrerie. La responsabilité de cette nouvelle unité est confiée à M. Eugène Jaguenaud qui après ses études à Surgères et un stage de formation à l'Ecole d'Aurillac (Cantal) est fin prêt à assumer la bonne marche de cette nouvelle production. On débute la fabrication de fromages de type Edam dans de nouveaux locaux comprenant un atelier de fabrication et des salles d'affinage.

Ces bâtiments sont construits par l'entreprise Morin d' Argenton-l'Eglise.

 
     

1964

1964 : Les premiers "Moulin neuf".

Le 13 décembre, M. Jaguenaud effectue la première fabrication d'Edam qui sera commercialisé sous la marque : "Le Moulin Neuf". Cette nouvelle activité permet à la laiterie de toucher une nouvelle clientèle, d’accroître ses parts de marché et de permettre la création de nouveaux emplois.

1970 : M. Pierre Thébault, toujours à la direction de l'entreprise, présente une nouvelle spécialité fromagère : Le St-Paulin "Soleil du Poitou".

A l'ère des regroupements et des fusions qui s'opèrent dans l'industrie laitière, Massais résiste et garde son indépendance. Son président M. Beaudu, élu l'an dernier y tient énormément.

Administrateur depuis 1938, vice-président pendant 15 ans, il est un des piliers de la laiterie. 

1973 : Après 35 ans de fidélité M. Beaudu passe la main. Le nouveau président est M. Maurice Palluault.

1975 : La laiterie effectue son premier ramassage de lait de chèvre. Ce dernier est vendu à la laiterie de St-Loup.



1970
                   

1980

1980 : Il n’y a plus de laitiers indépendants à Massais. Avec l'arrivée des camions citernes, les ramasseurs deviennent salariés. De nouveaux fromages complètent la gamme produite par la laiterie. "La Galantine", "Le Grand Chef" et "La Croute Noire" font leur apparition. La production beurrière n'est pas négligée pour autant. La renommée du beurre de Massais est grande.

1981 : Le directeur M. Thébault prend une retraite méritée. M. Bernard Denis le remplace.

1994 : 15 personnes constituent le personnel de l'entreprise. Les deux laitiers salariés, MM. Abélard et Jolly collectent tous les deux jours chez les 44 producteurs de lait de vache et chez les 28 producteurs de lait de chèvre.

Avec une collecte annuelle de 8 millions de litres de lait de vache, la laiterie produit 550 tonnes de fromages et 250 tonnes de beurre traditionnel et de baratte d'Appellation d'Origine Contrôlée "Charente-Poitou". De plus, l'entreprise fournit à la laiterie de Soignon une quantité annuelle de 1,5 million de lait de chèvre.

A l'heure où les grands groupes laitiers se livrent une bataille féroce pour la suprématie, la petite laiterie de Massais poursuit en solitaire son aventure. Tous les autres présidents après M. Gaury, tels MM. Beaudu, Palluault. et aujourd'hui M. Guilloton ont toujours préservé l'autonomie de la coopérative laitière.

                   
 

1995 : Pour des raisons économiques, la laiterie est, depuis le mois de Juillet partenaire du groupe Eurial-Poitouraine. Le poste de directeur qui était occupé par M. Denis vient d'être supprimé par le conseil d'administration. Apparemment, la décision prise par le conseil d'administration ne fait pas l'unanimité parmi les sociétaires.

En septembre, après la démission des administrateurs, un nouveau conseil décide le retrait de la laiterie du Groupe Eurial et de continuer comme auparavant. Le président est M. Brunet. La direction commerciale de l'entreprise a été confiée à M. Francis Bourreau qui était depuis de nombreuses années le secrétaire-comptable de l'établissement. 

 
                   
   
                   
 

Jusqu'en 1996, une seule baratte en inox est utilisée; elle est remplacée par un butyrateur. 

En 2002, l’établissement devient un centre de collecte fournissant le lait de vache à la laiterie de La Chapelle-Thireuil et le lait de chèvre à la société Rechard qui a racheté les bâtiments pour la fabrication de fromages.

En 2012, elle réunit encore une trentaine d’exploitations pour douze millions de litres de lait collectés, dans des exploitations lait de vache et lait de chèvre du nord Deux-Sèvres et sud Maine-et-Loire. La même année, elle devient la propriété du groupe Eurial qui récupère les quotas laitiers des éleveurs pour d’autres sites de production.

Le site cesse toute activité début 2013. Le souvenir, lui, demeure très vif dans la commune. La cheminée trône toujours fièrement… Un caractère toujours aussi remarquable aujourd’hui.

Rachetée en 2022, les propriétaires projètent de transformer cette laiterie chargée d'histoire, en gîte et site culturel.

 
                   
   

Rédaction ED  /  Sources : d'après le travail de Daniel Perchey - ouest-france.fr - encyclopédies - annuaires - DRAC - François-Victor Brunet et Rachel Thibault

 
     
     
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