Deux-Sèvres 

                   
       

 

Fromagerie coopérative

de

MONCOUTANT

(79I)

 

       
                   

 

Historique : 1905 - 1967

     
                   
  Dans ce bourg, il semble y avoir existé une laiterie privée en 1899 puisque l'on retrouve dans le journal "La France de Bordeaux et du Sud-Ouest" du 13 septembre 1899 un article décernant une médaille d'argent au concours départemental de Niort pour les produits fabriqués par la laiterie de Moncoutant (ainsi que Échiré et Beauvoir).

1905 : Le 16 septembre, une agitation se déroule dans le bourg. Une commission réunit des cultivateurs qui prennent l'initiative de créer une laiterie coopérative dans la commune. 80 fermiers composent l'assistance et élisent le premier conseil d'administration, qui est le suivant : Président : Le docteur Meteyer ; Vice-Président : M. Calmant-Cacault, propriétaire à St-Paul-en Gâtine ; 8 autres personnes constituent le bureau.
Les travaux de la construction du bâtiment progressent rapidement. Trois mois suffisent. "La laiterie du Bocage", située à proximité de la gare de Moncoutant, est prête à fonctionner.
 
                   
  Le mardi 26 Décembre, plus de 250 personnes se pressent aux environs de la gare pour l'inauguration de la laiterie. Le président Meteyer, d'un geste solennel, ouvre les portes de la nouvelle installation. Les visiteurs, impressionnés, admirent le moteur de 12ch, les deux écrémeuses Alfa-Laval, la baratte, le malaxeur et le réfrigérant à crème qui trônent dans les pièces fraîchement carrelées. L'installation complète de l'usine a coûté 86.300 francs.

Au côté du président, on peut voir le directeur-comptable, M. Chalet. Pour celui-ci, ce jour est peut être le plus beau de sa vie, car il a failli ne jamais le voir. En effet, cinq mois auparavant, le Lundi 26 juillet, dans la soirée, M. Chalet revenait d'une tournée de prospection avec un ami, dans sa calèche. Le cheval marchait à vive allure. Arrivé aux abords du paisible village de "La Javrelière", en croisant une autre voiture, M. Chalet ne s'aperçut pas du danger et une violente collision s'en suivit. Son véhicule fut mis en pièces. Le directeur et son passager furent projetés sur le sol. Les habitants du village accoururent pour porter secours. On crut M. Chalet, mort. Il avait une large plaie à l'occiput. Des bras robustes le transportèrent à l'Auberge Fradinet, où il se remis de son évanouissement. Le docteur Meteyer fut averti et vint le soigner. Le directeur aurait pu se tuer dans ce terrible accident.

Reprenons le cours de notre inauguration.
Après la présentation du directeur-comptable et des deux employés qui œuvreront à l'intérieur de la beurrerie, vient le tour des 9 laitiers. Ces derniers seront payés au rendement (le laitier qui collecte le plus est payé plus cher). Ce procédé, pratiquement plus employé dans les laiteries, est un système défectueux, propre à beaucoup d'excès. Les laiteries tiennent à avoir un personnel irréprochable.
 
                   
  Le lendemain, de très bonne heure, le chauffeur-écrémeur, M. Pierre Airault, enfourne dans la chaudière les premières pelletées de charbon.
Il s'agit d'être prêt quand MM. Henri Bruneau, Joseph Guilloteau et ses collègues arriveront avec les premiers hectolitres de lait. Pour cette première journée on écréma 7.000 litres du précieux liquide.
 
                   
  1909 : On installe une machine frigorifique dans la beurrerie. Pour une collecte de 1.133.316 litres, le poids de beurre produit pour cette année se monte à 57.696 kilos. Le petit lait est aussi retourné aux sociétaires

1910 : Le conseil, devant la nécessité de rembourser l'emprunt contacté pour la construction de l'entreprise, emploie une méthode rigoureuse. C'est un peu de sa faute car l'amortissement n'a commencé que trois ans après la fondation et de ce fait, le capital est loin d'être amorti. Depuis cinq années 45.000 francs seulement ont été remboursés.
Pour satisfaire les créanciers, les administrateurs imposent une somme de 5 francs par vache aux sociétaires. Les 400 adhérents, qui possèdent un troupeau de 1.500 vaches acceptent cette taxe à contrecoeur.

1912 : Quoique géographiquement bien placée, La laiterie a du mal à prospérer. Dans cette région où les fermes sont distantes et essaimées entre elles, le ramassage s'effectue difficilement. De plus, le paysan du Bocage est peu enclin à l'esprit coopératif. ll aime bien être le maître chez lui. C'est dans sa nature. Il préfère donner son lait et la quantité qu'il veut aux petites laiteries privées qui cernent la laiterie coopérative de Moncoutant. Rien qu'à Moutiers-sous-Chantemerle, distante de quelques kilomètres, deux laiteries privées sont installées.
Il s'agit de la laiterie de la Sablière et celle du Pontret. À l'Est et au Sud, deux autres laiteries industrielles, Laubreçais et Secondigny, plus importantes, empêchent tout développement.
 
                   
  1913 : En ce mois de février, la laiterie remporte la médaille de bronze au concours général agricole de Paris pour la qualité de son beurre, et aussi la médaille de bronze, en 1914, au même concours.

1919 : Les années de guerre ont un peu plus aggravé la situation de la coopérative. Les laitiers ne ramassent que 290.615 litres de lait.
 
                   
 
Entête de facture de 1924
1922 : La chute infernale continue avec seulement 278.556 litres.
Moncoutant devient la plus faible laiterie des Deux-Sèvres en volume de lait collecté. Faut-il continuer ou arréter ?
La décision de poursuivre l'aventure est prise. On espère que la fermeture des petits ateliers privés et la venue d'un nouveau directeur vont relancer l'entreprise.

1926 : depuis quatre ans, qu'il à pris la direction de la beurrerie, M. Daniel Raimon enregistre de meilleurs résultats. Certes ceux-ci sont encore bien timides, mais le nouveau dirigeant sent que son travail commence à porter ses fruits. Il a réussit à persuader les producteurs peu disciplinés à donner plus de lait. La collecte a presque doublé avec un total de 449.089 litres, ce qui a permis de produire un peu plus de 20 tonnes de beurre.
 
                   
 
Une fabrication de camemberts dans les années 1920-1935 permis de relancer la laiterie.
"Fromage extra de la Vallée de la Sèvre".

Etiquette "passe-partout" utilisée par l'imprimerie Grange & Guy puis Grange
pour ce camembert "Fromagerie de la Vallée de la Sèvre".
 
                   
  1952 : Les employés voient l'arrivée de leur nouveau directeur. Il s'agit de M. Octave Guérin qui fit ses premières études laitières à l'Ecole Professionnelle de Surgères, dans la 73e promotion du 6 Avril 1943.

1961 : La laiterie entre dans l'Union Laitière des Plateaux de Gâtine, dont le président est M. de Langle.

1965 : La coopérative connaît de grosses difficultés. Elle fusionne avec la coopérative laitière du Tail et "Bocage Gatinais", dont le siège se trouve à La Châtaigneraie, en Vendée.

1967 : En fin d'année, la laiterie coopérative de Moncoutant cesse son activité.

La laiterie n'a pas été laissée à l'abandon, contrairement à certaines. Elle est devenue une église réformée de France.

De nos jours, les bâtiments ont été transformés en Maison pour tous.

Il a aussi existé une petite production de fromage frais entre 1965 et 1967.
   
 
                   
         
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