Deux-Sèvres 

                   
       

 

Laiterie Fromagerie

coopérative de

PÉRIGNÉ

(79AJ)

 

       
                   

 

Historique : 1892 - 1973

 
 

Le 3 avril 1892, la petite commune de Périgné est fière de la création de sa laiterie coopérative, ouverture entreprise par M. Dupont. 925 sociétaires se regroupent pour la soutenir. lls possèdent un troupeau de 1.900 vaches. L'usine, située au centre du bourg, comprend un bâtiment de 25 mètres de longueur. Quatre pièces renferment : La machine, les écrémeuses, les barattes et la dernière, les emballages. De vastes caves se trouvent en dessous.

Le matériel se compose de trois écrémeuses Alfa-Laval, deux barattes, un malaxeur et la machine à vapeur.

L'écrémage a lieu, chaque jour, de 9h à midi. La crème se conserve en toute saison dans une des caves, à température de 16°.

 
                   
 

Sous les ordres du directeur-comptable M. Adolphe Villedieu, un chauffeur, un beurrier et un contrôleur-beurrier, assument la production. 14 laitiers entreprennent le ramassage et un coursier véhicule les mottes de beurre de 10kg, vers la gare.

La tournée, effectuée en charrettes à deux roues, recouvertes d'une bâche, dure en moyenne 6 heures.

Ci-contre, les carnets de Gautreau René à "Mairé", commune de Périgné, de 1892 à 1897. Ils répertorient le nombre de litres récupérés par le laitier tous les jours de l'année, soit entre 2 et 18 litres, sans doute une seule vache !

Le premier carnet commence en juillet 1892 et a été imprimé à l'origine pour la laiterie de Blanzay ("ferme de Blanzay"). Une étiquette personnalisée est cousu au fil sur la couverture.

Les conditions de la laiterie sont strictes :
Chaque fournisseur ne doit pas mélanger le lait de la traite du matin avec celle du soir et fournir le lait dans deux gallons distincts. Le lait doit être propre, frais, à l'abri de toute odeur, et conseillé d'être refroidi après la traite à 10-12 degrés si possible. La laiterie n'accepte que du lait pur de vache, sont punis de prison ceux qui falsifient les substances ou denrées alimentaires (loi du 27 mars 1851). Des prises d'échantillon sont régulièrement effectuées. Aussi, le lait des vaches malades ne doit pas être livré à la laiterie à moins de quatre jours après guérison complète.

 
                   
  En 1898, la quantité de lait fourni est de 2.216.528 litres, qui produisirent 109.974 kg de beurre, vendu 2,52 fr le kilo aux halles de Paris.  
                   
 
publicité de 1934

A une date indéterminée, le constructeur "Dyle et Bacalan" installe un système réfrigérant (Hall.) fonctionnant au CO2.

En 1905, le bureau du conseil d'administration est représenté par 19 personnes, plus le directeur M. Villedieu. Le président Charles Quintard, dirige les travaux, assisté par les deux vice-présidents, messieurs Chauvineau et Picard. Les autres membres de l'assemblée sont messieurs, Paillé, Nocquet, Lachaume, Roy, A. Martin, S. Moreau, Beauchamps, Gandelin, Drouhault, Papinot, Rousseau, L. Martin, C. Moinet, Ch. Pougnard, Ch. Groussard et L. Moinet.

La laiterie obtient sa première médaille d'Or, en janvier 1905, lors de l'Exposition Internationale de Bordeaux. La laiterie remporte aussi le diplôme de médaille de bronze pour ses beurres, en mai 1905 à l'exposition de Liège (Belgique).

Le 15 février 1906, M. Quintard et les conseillers, se réunissent, pour juger le sociétaire X..., coupable de fraude. Ce dernier a additionné de l'eau (15%) à son lait. Le jury lui inflige une amende de 600 francs. L'homme évite l'exclusion, car ce dernier démontra qu'il n'était point l'auteur personnel de la fraude. Parmi les laitiers, on peut voir une femme courageuse : Mélina Personneau

 
             
 
Une autre fraude parue sur
L'Echo Rochelais du 18 octobre 1907
 
                   
 

1908 : La Collecte a augmenté d’un million de litres par rapport à 1906.

Dès 1910, Périgné s'emploie à perfectionner l'usage du froid, et la suppression des monte-charges. Le beurrier M. Alex Fouchier arrive.

Vient l'an 1913, M. Dupont, le dévoué fondateur de la laiterie, et redevenu président, invoquant son grand âge, décide, hélas, de ne pas renouveler son mandat. M. François Paillé le remplace. Antoine Dupont décède le 8 janvier 1914, à l'age de 76 ans.

1920 : Le nouveau directeur est Georges Piquereau. Au fil des années qui passent, la laiterie devient florissante, au point de faire des envieux.

En 1943, le nouveau président M. Nathalis Paillé, commence son mandat. Le directeur M. Raguenault, arrivé depuis mars, dirige parfaitement l'usine. On produit de la poudre de lait selon le procédé Hatmacker.

Pour l'année 1952, 4.347.000 litres de lait sont collectés. Le lait provient des pâturages de la région, lait qui est transformé en un beurre extra-fin. La saison suivante, M. Raguenault cède son poste à M. Henri Frappé.

 
                   
 

L'élevage des chèvres prospère dans la région. Les agriculteurs de la petite commune de Bougon, les précurseurs, font des adeptes dans tout le département. Périgné n'échappe pas à la règle.

C'est pourquoi, en 1959, la laiterie est agrandie afin de diversifier sa production avec la fabrication de fromages de chèvre et de camembert ; un corps de bâtiment comprenant un étage de soubassement est bâti.

La laiterie effectue sa première collecte de lait de chèvre. Le ramassage couvre le secteur de Périgné, Montigné, Verruyes, Mazières-sur-Béronne. Quatre laitiers, dont un salarié font la tournée. Le précieux liquide est traité par 15 ouvriers, et qui donnera un fromage de chèvre long appelé "L'Unik". Le lait de vache donnera le camembert "L'Unik".

C'est l'époque où la conquête spatiale bât son plein, avec le lancement du satellite "Spoutnik" en 1957, mais la dénomination du fromage "Spoutnik" étant déjà utilisée, et peut-être déposée, il fallait trouver une marque similaire. La marque "L'Unik" a été une dénomination de génie.

beurre de Périgné
publicité de 1954
 
             
   
                   
 

Le 30 Avril 1960, c'est l'inauguration de la fromagerie. Personne dans le pays n'oubliera cette manifestation. Une foule d'invités officiels assiste à l'événement. Sous la conduite du Président Paillé et de M. Frappé, les personnalités visitent la nouvelle installation. Cette dernière reçoit depuis un an 3.715.619 litres de lait de vache et 144.903 litres en chèvre.

 
           
   
                   
 

La réussite de la coopérative, fut l’œuvre de présidents, qui par leur dévouement et leur conscience professionnelle, se sont fait remarquer. Parmi ceux non cités, il y eut les frères Paillaud, fils de forgeron de Secondigné-sur-Belle. lls furent de longues années, à la tête de la société, qu'ils quittèrent ensuite, pour aller s'installer en Touraine et fonder leurs fromageries.

En 1966, les laitiers rapportent "l'or blanc" de 150 sociétaires. Cela devient de plus en plus difficile pour la laiterie. La concurrence est rude.

L'année 1967, sera noire et fertile en rebondissements. Périgné devient le “champ de bataille" entre deux grandes laiteries.

 
         
                   
 

1967. La polémique entre les "Cellistes" et les "Mothistes"

Dans cette commune jusqu'alors tranquille, un événement exceptionnel la fait connaître dans tout l'ouest de la France. L'agonie de la laiterie de Périgné se devine. L'orage menace. Il éclatera bientôt. On se serait cru pendant les "guerres de religion" sauf qu'ici c'est la laiterie qui est l'enjeu. Lors d'une assemblée, un projet de fusion avec la laiterie de Celles-sur-Belle est repoussé. Une scission s'établit entre les sociétaires. Le fossé se creuse. Une partie veut donner son lait à Celles et présente en bloc leurs démissions. Les autres livrent leur lait à La Mothe-St-Héray.

Le 12 août, après une réunion, le conseil d'administration et la commission de contrôle de la coopérative décide de confier la direction par intérim, aprés le 15 août, à M. Roux, le directeur de la laiterie d'Availles. La retraite anticipée de l'actuel dirigeant ayant été acceptée.

Le 21 août, la fabrication des fromages cesse. Le lait de chèvre est pris par la laiterie d'Availles, et celui de vache par celle de Beauvoir, en attendant une solution définitive.
Sur les quinze ouvriers, trois restent sur place : Le contrôleur, le comptable et une personne pour l'entretien. Deux autres vont à Availles, deux à Beauvoir et les huit derniers en congés normaux. Depuis quelque temps, les réunions de propagande se multiplient.
Elles sont animées et se font concurrence. La première, le 17 août, se déroule à la salle de Charzay et est organisée par La Mothe-St-Héray. Le même jour, Celles fait la sienne à Périgné.
En septembre, les ouvriers au nombre de douze vont travailler à la coopérative de la Mothe.

Le 25 octobre, c'est le coup de théâtre. Trois camions de Celles effectuent le ramassage du lait sur la commune. Pendant ce temps, les huit laitiers de Périgné font leur tournée habituelle. De sorte que l'on vit les camions se croiser dans le secteur. A Celles, on justifie cette initiative par le fait que 139 sociétaires ont demandé la prise de leur lait, par elle. La collecte, ce jour-là, se solde par une quantité de 5.404 litres de lait de vache et 614 litres en chèvre.
M. Albert, le président déclare aussitôt : "En agissant ainsi, les cellistes se sont mis hors-la-loi, vis à vis de leur coopérative." Pour lui, on ne se trouvait pas devant une scission de fait, mais bien devant un abandon, par des sociétaires de leur coopérative et de leurs engagements.

Le dimanche 4 Février 1968, à la salle des fêtes de Périgné, se tient une double assemblée générale (ordinaire et extraordinaire). Cette dernière doit se prononcer sur le projet de fusion entre les laiteries de Périgné et la Mothe-St-Héray.
Le scrutin donne les résultats suivants : Sur 209 votants, 208 pour et un bulletin blanc. Il faut préciser que pendant ce temps-là, des cellistes avec à leur tête le directeur de Celles, M. Boissonnet, battent des semelles ; dehors le vent est glacial, ils n'ont pu pénétrer dans la salle.

La fusion est déclarée et ce fut M. Tanneau, le président de la laiterie de la Mothe-Saint-Héray, de conclure la réunion en remerciant les sociétaires. Quatre personnes de Périgné sont élues pour faire partie du conseil d'administration de la Mothe-St-Héray : Charles Albert de Secondigné-sur-Belle, Albert Bouchon de Mairé de Perigné, André Mérigeau de Jennebrie de Mazières et Gaston Girault des Fosses. Ainsi prend fin cette "guerre" qui passionna toute une région.

L'établissement est donc racheté par la laiterie de La Mothe-Saint-Héray, mais une partie des sociétaires se dirigent vers la laiterie de Celles-sur-Belle.

Jusqu'en 1973, seule la collecte de lait est assurée à Périgné.

Après la fermeture, les locaux sont rachetés par la municipalité en 1980. La cheminée circulaire en brique, en mauvais état, a été démolie. Actuellement, la ville y abrite deux entreprises dont une entreprise de broderie, et se sert de l'ancienne chaufferie et de l'atelier de poudre de lait comme atelier municipal.

 
                   
              Rédaction et mise en page ED - © letyrosemiophile.com
             

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