Historique : 1896 - 2022
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1896
: Situé à 2km de St-Pardoux en plein cœur de la Gâtine, le petit village
de Soutiers est choisi pour l'implantation d'une laiterie privée.
Son
créateur, le Marquis de Maussabré veut empêcher l'essor des laiteries
coopératives et notamment la voisine, Mazières. Le marquis Gilbert de
Maussabré, est également le fondateur des laiteries coopératives voisines,
Marcilly à Verruyes, les Châtelliers à Fomperron, Bagneux à La
Chapelle-Bertrand, Secondigny et Sanxay (Vienne). Connues sous le nom
de Laiteries du bocage gâtinais, elles possèdent leur siège social à
Parthenay (12, avenue Victor-Hugo).
1899 : Située au bord du
ruisseau "la Viette" qui délimite Soutiers et Vouhé, la laiterie est
implantée sur la commune de Vouhé. La fabrication débute sous la direction
de M. Désiré Auger. Comme dans certaines de ces autres
laiteries, un arbre exotique, ici un séquoia, a été planté lors de la
création de cette usine, qui se situe à
un kilomètre de la gare de Saint-Pardoux, sur la ligne Paris-Bordeaux.
1904 : M. Camille Lucet, nouvellement arrivé, remplit d'une main experte
les moules à beurre en bois, en forme de cône tronqué. Il les démoulera
plus tard.
1905 : Le vendredi 12 mai, de bon
matin, M. le député de Parthenay, le Marquis de Maussabré se rend à La
laiterie en automobile. Arrivé près de Soutiers, le lourd véhicule écrase
en partie une truie qui traverse la route. Sous la violence du choc, la
voiture est sérieusement détériorée et il va falloir la remorquer jusqu'à
Parthenay.
En attendant l'arrivée d'un autre
véhicule, le Marquis passe une bonne partie de la matinée à visiter et à
discuter avec les employés de sa laiterie et du directeur M. Auger.
1921 : Le nouveau chauffeur Raoul
Michaud arrive dès 5h du matin pour mettre en route la chaudière. Un
laitier, M. Albert Sabourin débute aussi.
Après 25 ans à la tête de la laiterie, M. Désiré Auger prend une bonne et
agréable retraite. Son successeur est M. Louis Tison.
1924 : Camille Lucet, toujours fidèle au poste, ne peut plus faire face
tout seul à la beurrerie. Il faut dire que les laitiers MM. Albert
Veillon, Albert Robin, Philibert Renaudeau et leurs collègues, apportent
de plus en plus de lait. Un nouveau beurrier arrive en renfort en la
personne d'Adrien Sauzeau.
1927
: Le Marquis de Maussabré, au bord de la faillite doit se résoudre à
vendre sa laiterie. L'épopée des laiteries privées semblent révolue.
Le bâtiment, après avoir été à l'abandon durant de nombreuses années, a
fait l'objet de travaux dans les années 1970 et a été transformé en
maison. Toutes les fonctions étaient abritées par un même corps de
bâtiment en moellon enduit, à sous-sol, en rez-de-chaussée surélevé et
doté d'un comble à surcroît. La charpente en bois est recouverte
d'ardoise. L'ancien quai de réception était abrité sous l'un des longs
pans du toit. L'atelier de fabrication du beurre était au sous-sol et aéré
du côté nord, tandis qu'au rez-de-chaussée prenaient place deux petits
logements et un bureau. La façade nord a été complètement modifiée lors
des travaux des années 1970. |
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M.
Abel Bercier et un grand nombre d'agriculteurs fondent une société
coopérative et rachètent la laiterie pour la somme de 360.000 francs.
La laiterie coopérative de la Viette est née. M. Bercier devient le
premier président. 13 laitiers et 4 sous-laitiers effectuent le
ramassage. Ce sont MM. Prioux, Dufour, Fournier Albert Duranton, Camille
Pacaud, Ernest et Henri Airault, Joseph, Albert Girard, Albert Renaudeau,
Albert Sabourin, Olivier Michaud, Albert Veillon et les sous-laitiers MM.
Vivier, Mimault, Brunet, Fourré, Lambert.
1928
: A l'exposition de Saintes, le jury décerne une médaille d'Argent à la
toute jeune coopérative, et qui sera suivie deux mois plus tard par une
médaille de Bronze au Concours Beurrier de Paris.
1930
: La Viette entre dans la cour des grandes laiteries en obtenant une
superbe Médaille d'Or au Concours Agricole de la capitale.
1934 : Le "vétéran" Camille Lucet
reçoit les honneurs et la médaille du travail pour ses trente ans de
services. L'émotion se devine dans ses yeux quand le fidèle employé voit
s'approcher le Président de l'Association Centrale des laiteries
coopératives, M. Paul Mercier qui lui remet son diplôme.
A l'inverse, un tout nouveau laitier, M. Albert Boinot entame sa première
tournée qui le conduira de Vouhé vers Pompaire, Parthenay, Le Tallud et
retour à la laiterie. Il rejoint dans l'équipe des ramasseurs
indépendants, un autre jeune, M. Maurice Billon, arrivé quatre ans plus
tôt. |
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1937
: Les locaux d'origine
subissent de grandes transformations au fil du développement de l'affaire
: une chambre froide, une salle de maturation de la crème et un
hangar sont bâtis cette année là.
1940 : M. Tizon, que la retraite
appelle, cède la direction à M. Raymond Barraud. Ce dernier est arrivé à
la laiterie, en 1936, comme contrôleur. ll fait partie de la grande
famille des "Babigeots" de Surgères (55ème Promotion. du 9 avril 1934).
Le "Babigeot" est le surnom donné aux élèves de l'Ecole d'Industrie
Laitière de Surgères et qui constituèrent en 1926, l'Association Amicale
des Anciens de L'Ecole de Surgères.
Pendant cette sombre période, tous les employés se serrent les coudes et
effectuent un travail remarquable. Autour de M. Barraud, on peut voir
l'infatigable homme à tout faire, M. Robert Michaud, puis le beurrier M.
Albert Girard, qui bien que sourd et muet n'est pas le dernier à mettre
l'ambiance, les laitiers MM. : Albert Boinot, Maurice Billon, Lucien
Chaigneau et Louis Chauvière.
1942 : Les bâtiments
sont aggrandis avec la création d'une fromagerie, construite par
l'entrepreneur Raymond Trouvé, de Saint-Pardoux (79).
1946 : Un nouveau quai et des
logements sont construits pour le directeur et le chauffeur. |
1951 |
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1956 |
1954 |
1954 |
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Années 1950
: On y
fabrique du beurre, de la caséine, des fromages de type emmenthal et bleu
d'Auvergne, et de la poudre de lait selon le procédé Hatmacker.
1952 : La laiterie collecte 7,1 millions de litres. |
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1954 : Du
beurre de table extra-fin est vendu sous la marque "Le Bijou de Gâtine",
et des fromages de pâtes molles "Gruyère", qui par leur qualité, essayent
de rivaliser avec les meilleurs "Gruyères" Français.
1956
: Une
nouvelle chaufferie est édifiée l'année suivante. |
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1959 |
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1957 : Des garages et un atelier de mécanique sont bâtis de l'autre
côté de la route.
1958 : M. Michel Boinot, le fils d'Albert est
employé comme laitier salarié. L'afflux de lait ne cesse d'augmenter.
Presque 8 millions de litres ont rempli cette année les cuves de l'usine.
Dans les années 1960, la
laiterie compte une quarantaine d'employés.
1961
: Toujours sous la présidence d'Abel Bercier, la coopérative entre dans le
groupe de "L'Union Laitière des Plateaux de Gâtine". Elle enverra, l'an
prochain, son lait écrémé à l'usine de Champdeniers qui est en cours de
construction.
1963 : Les 14 laitiers, dont la
moitié sont indépendants, ont ramené dans leurs camions 9.260.000 litres
de lait de vache. Et pourtant le nombre de sociétaires commence à baisser.
Ils sont encore 970. |
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Beurre de la période 1962-1964 |
1964
: Contrairement aux années où le Viette était privée, les relations se
sont, depuis, heureusement améliorées avec sa voisine de
Mazières-en-Gâtine. Cette amitié se concrétise par une sympathique
rencontre sportive. Ce dimanche 19 avril, un match de football oppose
les laitiers des deux coopératives sur le terrain de St-Pardoux. Le coup
d'envoi de la partie est donné par les deux directeurs, MM. Barraud et
Guichard. A la mi-temps, Mazières mène par un but à zéro. En deuxième
période, les loueurs de la Viette parviennent à égaliser. Le match se
termine sur le score de 1-1. Cette parité satisfait les deux équipes qui
ont joué dans une ambiance de parfaite camaraderie. Les joueurs et les
spectateurs se sont donnés rendez-vous pour le match retour, l'année
prochaine à Mazières.
1965 : Le nombre de sociétaires continue à
fortement baisser, mais le volume de lait collecté a augmenté. Ils ne sont
plus que 313 producteurs à fournir 12 millions de litres.
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Buvard des années 50-60 |
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1967 : La retraite sonne pour les ''anciens" MM. Boinot et Billon. Avec respectivement 33 ans et 37 ans de labeur quotidien, ils quittent leurs collègues avec une grande émotion.
1970 : Le nouveau président est M. Remi Rouvreau. 1972 : La retraite arrive pour le directeur M. Barraud. ll aura marqué de son empreinte l'histoire de la laiterie. Homme d'une grande compétence, il part aimé et estimé de tous. Son successeur est M. René Papet, qui dirigeait auparavant la laiterie d'Uzelet à Ardin.
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1978
: M. Grellier remplace M. Rouvreau à la présidence de la laiterie. Le
beurre de la Viette connaît toujours une réputation de qualité et de
constance.
Années 1980 : Un
bâtiment de stockage des emballages et une chambre de congélation sont
édifiés.
1981 : M. Paul Pineau devient le
nouveau président du conseil d'administration. Cet exploitant agricole de
Chalandray, dans la Vienne, était déjà administrateur depuis six ans.
1984 : Avec l'arrivée de M.
Jean-Yves Carou à la direction de l'entreprise, cette dernière se lance
dans la fabrication des fromages frais en construisant des nouveaux
locaux,. La Viette malgré les nombreuses convoitises qu'elle suscite,
reste l'une des rares laiteries coopératives à garder son indépendance.
Tout autour d'elle, ce n'est que fusions et souvent hélas fermetures.
1990 : La coopérative change de
cap, avec succès, en se spécialisant dans la crèmerie fine. De grands noms
prestigieux, comme Lenôtre et Fauchon, s'approvisionnent à la laiterie et
lui confèrent une grande notoriété.
1994
: La laiterie commence un projet de modernisation. |
La célèbre bouteille de lait "La Viette", et ce
beurre "La Viette" au goût de noisette !
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1995
: La collecte pour l'exercice de l'an passé se chiffre à 13 millions de
litres de lait de vache. La production de beurre atteint 735 tonnes.
Le bilan financier est bon, avec un
chiffre d'affaires de 62,6 millions de francs. Les travaux
d'agrandissements, avec l'édification d'un bâtiment administratif et un
magasin d'expédition, commencés l'année dernière, s'achèvent. Ils auront
couté la somme de 3,5 millions de francs.
La
laiterie compte 130 sociétaires dont 64 producteurs de lait de vache. Elle
emploie 24 personnes.
La plaque de beurre de 2 kilos, que la
Viette a spécialement élaboré pour la grande restauration et les
pâtissiers, connaît un vif succès.
Le
président M. Paul Pineau passe la main, en ce mois d'avril, après 14
années passées à la tête du conseil. Son successeur, fraîchement élu, est
M. Daniel Rouvreau.
Voici la phrase que l'on retient de
M. Paul Pineau au journaliste du Courrier de l'Ouest et qui résume tout
l'optimisme de l'ancien président : " La Viette a plus d'avenir qu'il y a
quatorze ans".
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2002 : La fusion des laiteries de la Viette
et de La Chapelle-Thireuil donne naissance à la laiterie coopérative de
Gâtine.
2011 :
La laiterie de la Viette intégre le
groupe Eurial.
2021 : Depuis quelques années, le
produit phare de la laiterie reste les fameuses conviettes, ces portions
de 15 grammes de beurre enrobées dans une papillote or et argent, qui se
taillent une réputation dans la restauration haut-de-gamme. Des conviettes
qui finissent sur la table de l’Élysée et de Matignon, et s’élancent à la
conquête des États-Unis. La Viette transforme 50 millions de litres de
lait de vache par an pour produire beurre, fromage blanc, crème.
La laiterie produit 3 000 tonnes de crème fraiche, 2500 tonnes de fromages
blancs et 1000 tonnes de beurre par an. |
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2022 : Le 19 janvier, les
représentants du personnel et les salariés de
la laiterie de la Viette,
apprennent que la laiterie doit fermer ses portes en fin d’année 2022, en
raison de travaux de remises aux normes devenus trop coûteux. C’est
l’argument avancé par le groupe Agrial pour mettre un terme à une histoire
vieille de 126 ans, celle de la laiterie de la Viette à Vouhé.
Il s’agit en effet d’un site de produit ancien qui nécessite d’importants
travaux de remise aux normes, confirme M. Florent de Monpezat, directeur
des ressources humaines d’Eurial, en fin de soirée ce vendredi 21 janvier.
Ces travaux concernent la station d’épuration. La chaudière est aussi
vieillissante. Nous avons choisi de concentrer nos efforts sur d’autres
sites pour lesquels nous investissons massivement, comme la Fromagerie de
Soignon à Saint-Martin-de-Saint-Maixent en Deux-Sèvres. Le groupe
Eurial est la branche lait de la Coopérative Agrial spécialisée dans
l’agriculture et l’agroalimentaire. La filiale Eurial possède 23 sites de
production en France. 25 salariés travaillent dans celui de Vouhé.
Des propositions de reclassement doivent leur être effectuées dans
d’autres sites du groupe. "Nous discuterons bien entendu des préférences
et des souhaits de chacun des 25 salariés", rassure le directeur des
ressources humaines. "Nous pourrons proposer des emplois dans un rayon de
trente kilomètres autour de Vouhé. Cela a fonctionné lors du transfert
d’activité de La Chapelle-Saint-Laurent vers La Chapelle-Thireuil".
Le
groupe Eurial a besoin de main-d’œuvre à
la fromagerie de Soignon, à La Chapelle-Thireuil, et à La Crèche. Les
salariés sont réaffectés sur trois sites.
Du coté de la mairie c'est le désarroi. M. Dominique Méen, maire de
Vouhé, ne souhaite pas que "le bâtiment devienne une friche", et
s’inquiète de l’impact de la fermeture pour la vie de sa commune : "C’est
une perte pour les écoles, les commerces, la population. Et je suis quand
même inquiet pour mon budget communal. Cela fera 25.000 € de taxe foncière
en moins, c’est énorme."
2024 : L'emprise foncière avec les
bâtiments de la laiterie sont rachetés, le 19 janvier, par "la Ferme de
Sophie". L’activité principale déclarée du nouveau propriétaire des lieux
est la culture, production, transformation et distribution de tous
produits agricoles et/ou d’élevage et notamment de fruits à pépins.
La Viette, c’était une institution dans le paysage du territoire
Sud-Gâtine, une entreprise emblématique, et aussi une marque. Une page se
tourne dans l’histoire économique du Pays de Gâtine. |
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Rédaction et mise en page ED - © letyrosemiophile.com |
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