En 1887, la qualité et les soins extrêmes apportés à la réalisation de ces chromolithographies sont récompensés à l’exposition de Boulogne.
Dès 1891, l’imprimerie Depierre commence à imprimer ses premières étiquettes de fromage, et va rapidement se spécialiser dans l’impression de lithographies pour les fabricants de fromages.
Le 21 juillet 1891, Ernest Depierre est le premier à déposer un dépôt de brevet de boite en "carton-bois". Ernest se chargeait d’imprimer les couvercles qui imitaient parfaitement le peuplier, comme ce couvercle cartonné "Depierre" fin XIX° (voir photo à droite). Le dépôt mentionnait "une boite ronde à camembert en carton à pâte de bois à courant d'air facultatif et factuel" et aussi "décorée par une impression variée de couleurs et de dessins". A noter sa nouvelle adresse sur le dépôt au 14 rue d'Alençon.
Les boites étaient entièrement réalisées dans l’entreprise. Les bandelettes de bois arrivaient par lots et étaient agrafées avec les couvercles à l'aide d'une machine qui déroulait une bobine de fil de fer.
Les premières boites en "carton-bois Depierre" sont commercialisées dès 1891 (la même année que les premières étiquettes "Depierre" ), mais sont progressivement remplacées par des boites entièrement en bois, plus résistantes au transport et aux manipulations.
verso d'un couvercle de camembert
cartonné "E. Depierre" fin XIX°
(2 agrafes seulement crochetaient la bande)
Ces boites de fromage individuelles et étiquettées remplacent agréablement les vulgaires "papiers à paillon" que renfermaient les fromages. Ces derniers étaient entourés de paille et une feuille de papier sulfurisé était placée entre chaque fromage pour les empêcher de coller entre eux.
En 1895, l’imprimerie a encore des problèmes de place pour fabriquer et stocker ses étiquettes.
La facture de 1895 révèle un tampon mentionnant un transfert effectif des ateliers au 14 rue d’Alençon et 1 rue Lecouturier "pour cause d’agrandissements considérables. "
Le 27 décembre 1897, Ernest dépose un "paquet contenant une boite clouée d'après un système nouveau inconnu à ce jour".
Ernest Depierre meurt en 1898.
Son épouse Marie Julie Depierre née Parry (1852-1939) continue aux commandes de l’entreprise. (« Imprimerie Vve Depierre »).
entête de facture de 1903
En 1908, Mme veuve Depierre (1852-1939) dépose une étiquette "passe-partout" pour son propre compte. Cette étiquette sera au final peu utilisée, l’imprimerie possédant de multiples autres "passe-partout" (étiquette unique utilisée par des fromagers qui apposaient leur propre tampon).
De 1891 à 1913,
la production de boites de camembert et demi-camembert par l’imprimerie
Depierre se chiffre pour le département du Calvados à 30 millions
d’étiquettes, pour le reste de la normandie à 20 millions, et pour le reste
de la France à 10 millions, soit un total de 60 millions d’étiquettes.
La production est en forte croissante puisqu’en 1913 elle est de 15
millions de boites pour une seule année.
Il est difficile de remonter à l’origine des artistes lithographes créateurs de leur œuvres. Seul Edouard Nerme nous a laissé une trace de sa fabrication pour l’imprimerie Depierre. C’était un artiste indépendant qui proposait ses dessins aux différents imprimeurs sur le créneau des étiquettes de fromage.
Jean Henri Depierre, le fils de Ernest, qui devait reprendre en main l’imprimerie, décède en 1916 dans la Somme.
Quelques années après, Adrien Gallet (1885-1979), dont l'épouse Jeanne Parry est la nièce de Marie Julie Depierre, reprend la direction de l’imprimerie qui se nomme alors "Imprimerie Depierre - A. Gallet & Cie Successeurs".
Les 6 et 7 juin 1944, lors du bombardement de Lisieux par les alliés, le 14 rue d’Alençon (maison construite en 1869) est l'une des rares maisons du secteur à être épargnée.
Après la guerre, Adrien Gallet (1885-1979), l’ancien employé de commerce en bonneterie chez Haley, remet en route l’imprimerie.
Ensuite, la fille d’Adrien Gallet, Marie-Therèse Gallet, prend la continuité de la direction.
Jean-Pierre Gallet, petit neveu de Marie-Thérèse et petit fils d'Adrien GALLET, reprend l’imprimerie au 14 rue d’Alençon à Lisieux, et a désormais migré au 279 rue de la libération à St-Désir de Lisieux. L’entreprise familiale n’imprime plus d’étiquettes de fromage depuis les années 50.
