Imprimerie

SUPOT Georges

à ALENÇON

(Orne)

     
  Historique :  
                   
  Né à Paris le 20 novembre 1848, fils d'un lithographe qui a exercé à Paris rue Coquemard puis rue Lamartine, Georges Supot, fait de brillantes d'études où il se distingue surtout en Chimie.

Licencié es sciences, il pratique parfaitement l'anglais et l'espagnol. Exempté de service militaire, il s'engage pourtant en 1870 pour la durée de la guerre, et prend part à la défense de Paris. Il prend notamment part aux combats de la redoute de Montretout à Saint Cloud (92).

Cet engagement lui vaut de recevoir la médaille commémorative de la guerre de 1870.
 
                   
 

Il devient le collaborateur de son père à Paris jusqu'en 1875 avant de partir pour les Amériques. Il séjourne d'abord en Argentine, puis au Brésil, ainsi qu'en Uruguay où il exerce en tant que professeur à l’École des Arts et Métiers de Montevideo. Il rejoint ensuite les États Unis où il pratique la photogravure pour de grandes revues et des journaux de l'Amérique du Nord, à New-York, Chicago, la Nouvelle-Orléans. En 1889 il travaille pour le Saint Paul Daily Globe dans le Minnesota.*1

Ses longs séjours à l'étranger lui permettent d'étudier les différents secteurs de l'industrie graphique et il acquiert ainsi des compétences précieuses en matière d'impression. En 1895, de retour en France, il diffuse au sein de l'imprimerie Charaire de Sceaux (92) des procédés nouveaux d'illustrations et répand ainsi en France des procédés techniques et des méthodes jusqu'alors inconnues.

 
                   
 

Il entre ensuite, comme directeur, à l'imprimerie Lecoq et Mamorel à Paris, spécialisée dans les impressions de luxe et la trichromie (photogravure des couleurs).

Au tout début des années 1900 le comte de Lévis-Mirepoix se rend acquéreur de l'Imprimerie Poulet Malassis d'Alençon (61) qui doit sa célébrité au fait d'avoir édité en 1857 « Les Fleurs du Mal », le recueil de poésie de Charles Baudelaire . Il cherche à qui en confier la direction . A Paris son attention est attirée par Lecoq et Mathorel, les imprimeurs d'art de la rue Saulnier.

« Il ne pouvait faire un meilleur choix que confirma l'heureuse inspiration qu'eurent les nouveaux titulaires de confier la Direction à un technicien de premier ordre, maître-imprimeur incomparable ».*2


- édition de 1921 -
                   
 

Fin 1903, Georges Supot prend donc la direction de la maison d'Alençon où ses connaissances multiples et son initiative sont unanimement appréciées.

Dès janvier 1904 le journal d'Alençon et du département de l'Orne contient une publicité :

 
     
 

Imprimerie Typographique et Lithographique LECOQ et MATHOREL
adresse télégraphique: SUPOT ALENÇON 3 , 6 et 15, Place d'Armes ALENÇON .
Géo SUPOT directeur
SPÉCIALITÉ d'impression Commerciales en LITHOGRAPHIE·
ETIQUETTES DE TOUS GENRES en noir, Or et Couleurs.
POUR DISTILLATEURS, PARPUMEURS, PHARMACIENS, FABRICANTS DE CONSERVES ALIMENTAIRES
Factures, têtes de lettre, cartes commerciales, mandats, prospectus illustrés, circulaires, livres à souches, registres
.*3

 
                   
 

Georges SUPOT se spécialise dans les impressions riches et aussi dans l'impression et la fourniture des livres d'études, sciences, atlas de géographie avec cartes et illustrations en couleurs qu'il expédie pour les éditeurs parisiens en Amérique du Sud notamment. Il fournit également les imprimés pour les chemins de fer chinois.*4 

En 1915 pour pallier au manque de monnaie qui entrave le commerce, les chambres de commerce d 'Alençon et de Flers décident d'imprimer de la monnaie papier. « Le modèle du billet a été arrêté au cours de cette réunion. Nous croyons savoir qu'il a été choisi avec un goût parfait. D'un côté, figure le chiffre du billet que le dessinateur a entouré d'un élégant encadrement de dentelles en point d'Alençon et d'Argentan. De l'autre, sur un fond représentant la toile de Flers, est habilement disposé un entourage de branches de pommier et de poirier. […] Il sera émis 300.000 billets de 1 fr. et 200.000 de 0 fr. 50. Ces billets, gravés chez M. Supot, l'imprimeur habile et expérimenté d'Alençon, seront mis en circulation par quantités variables. La première livraison doit être faite dans la première quinzaine d'octobre ; elle comprendra 25 000 billets, qui seront immédiatement répartis entre les divers centres du département […].*5

Fin février 1919 , l'épouse de Georges Supot décède.

En 1921 l'imprimerie Supot ré-édite Les Fleurs du Mal avec une introduction de Pierre Dufay comportant de nombreux documents relatifs au procès intenté lors de la parution en 1857 pour « outrages à la morale publique et offense à la morale religieuse ».

En raison de leur état d'usure une partie des billets émis par les chambres de commerce pendant la guerre est retirée de la circulation, c'est le cas en 1923 :

« Lundi, à deux heures et demie de l’après midi, une commission composée de membres de la Chambre de commerce d’Alençon ; de représentants de la Banque de France, et M. Geo Supot, imprimeur, a procédé a l’usine à gaz à l’incinération de coupures usagées de un franc et de cinquante centimes représentant une somme de 250.000 fr., qui se sont vite transformées en fumée, d’autant plus qu’elles étaient plus que légèrement graisseuses. »*6

 
                   
  En 1925, à 76 ans, Georges Supot est fait officier d'Académie. A cette occasion, ses confrères lors de leur assemblée générale à Domfront souhaitent lui témoigner leur considération. Ils lui offrent un objet d'art, une statuette du sculpteur Emile Picault (1833-1922) « Le Génie humain ».*7

Il siège en tant que conseiller prud'homme,et préside la Chambre Syndicale des Maîtres Imprimeurs de l'Orne, avant d'en devenir le président d'honneur. En 1930, il cesse ses fonctions au moment du rachat de son activité par l'Imprimerie Alençonnaise.

Les maîtres-imprimeurs de l'Orne plaident auprès des autorités pour que la légion d'honneur lui soit décernée.
Par décret du président de la république, Gaston Doumergue, en date du 12 février 1930 pris sur la proposition du ministre de l'industrie, le titre de chevalier de la légion d'honneur est conféré à
« Georges Supot, président de la chambre des maîtres imprimeurs de l'Orne ; 62 ans de pratique professionnelle ».*8

Pour lui rendre hommage ses confrères organisent un banquet à l’Hôtel du Grand Cerf à Alençon en présence de sa fille et de son petit fils et lui déclare dans un discours :

« Vous êtes l'illustration remarquable de cette conception du Maitre-Imprimeur, telle que la comprenaient les grands Ancêtres, les Gutemberg, les Alde Manuce, les Estienne, les Firmin-Didot. Vous êtes dans la tradition ; vous êtes de la même lignée ».*9

 
                   
En 1930, l'imprimerie Supot est reprise par L'Imprimerie Alençonnaise.
Georges
Supot meurt à Alençon le 22 Février 1936 à 87 ans.
                   
          Sources : recherches de Gérard Clouet
*1 St. Paul daily globe 1889/02/24 Minesota
*2 Discours de Henri Tournouër président de la société Historique et Archéologique de l'Orne Bulletin 1940-1941
*3 Le Journal d'Alençon et du département de l'Orne 1904/01/23
*4 Journal de l'Orne 1930/22/02
*5 Le Journal de l'Orne 1915/09/25
*6 Le Journal de Flers et de l'arrondissement de Domfront 1923/11/07
*7 Journal de l'Orne 1925-21-02
*8 Journal officiel de la République 15 février 1930 (PP. 1677&1679)
*9 Le Journal de l'Orne 1930/03/08

 

Quelques étiquettes :
                   
                   
                   
                   
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